lundi 30 avril 2012

Épuisement professionnel

Quand, le même jour, on voit les tombes de Michel-Ange, de Galilée, de Machiavel, de Dante (plutôt un moment funéraire dans son cas), de Boticelli et d'Amerigo Vespucci, on a envie de garder un silence de tombe et l'énergie manque pour parler des innombrables chefs-d'oeuvre qu'on a pu voir.
Ce n'est pas le syndrome de Stendhal (Peut-on mourir d'art? a dit celui-ci), mais le syndrome de la mémoire qui flanche. Que restera-t-il dans six mois, dans un an de cette journée? De ces journées, devrais-je dire. Les cinq ou six dernières ont été surtout tournées vers l'art. Rockquiroule se cultive (il est cependant en train de lire un livre sur l'histoire du cyclisme italien - écrit par un certain John FOOT - question de rester bien en selle).

Sauce bolognaise

Ville, à certains égards écrasante, Bologne occupe une position stratégique au coeur de l'Italie qui lui a valu d'accueillir, de gré ou de force, Charlemagne, Charles Quint (qui y a été couronné empereur) et Napoléon. C'est aussi la ville qui a vu naître le drapeau italien à la fin du 18e siècle, Marconi (l'inventeur de la télégraphie sans fil), Cassini (le premier à décrire la mesure des méridiens) et Umberto Eco. Elle a été le siège de la première université mondiale et sa cathédrale, San Petronio, est la cinquième plus grande du monde.
Tout cela est en effet un peu écrasant, mais ce qui l'est davantage c'est la présence d'innombrables arcades qui donnent un peu l'impression de marcher dans un tunnel. En tout, 37 kilomètres d'arcades qui empêchent de voir le ciel, ce qui étonne dans une ville qui a produit de grands astronomes. Elle écrase aussi un peu par les teintes de ses bâtiments, terre, rouge, ocre, qui lui donnent un caractère un peu sévère, un peu vétuste.
C'est néanmoins une ville qui bouge, beaucoup. On l'appelle aussi Bologne la rouge, non seulement à cause de la couleur de ses murs et de ses toits, mais aussi de sa couleur politique. Elle garde aussi le souvenir tragique d'un attentat qui a fait 85 morts à la gare ferroviaire en 1980.
Pour nous libérer un peu de cette atmosphère "écrasante" (l'humidité ambiante y contribuant aussi), nous sommes montés au sommet de la tour Asinelli, qui fait 97 mètres et d'où on a une vue très plongeante sur la ville.

Pour finir, l'explication du lien entre Bologne et baloney.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mortadelle

vendredi 27 avril 2012

Conviction


Cathédrale San Ruffino à Assise, un
des nombreux détails de la façade
Après avoir marché, et pédalé, sur les traces de Saint-François d'Assise pendant près de deux semaines, il me faut conclure que cet homme a fait beaucoup en 44 ans de vie (1182-1226). On lui prête peut-être plus de réalisations qu'il en a vraiment faites, pour embellir l'histoire et justifier des hommages. Mais il reste qu'il s'est imposé comme une figure intègre dans une période politiquement complexe et agitée. Comme il marquait un retour à l'esprit de pauvreté du Christ, il ne devait pas nécessairement être toujours accueilli avec joie à Rome, où l'humilité et le dépouillement ne se pratiquaient guère. J'entends le pape de l'époque, Innocent III, pousser un soupir d'agacement et réprimer quelques jurons quand on lui annonce l'arrivée de François et de ses compagnons. Son père, marchand d'étoffes, l'a même "incarcéré", pendant un certain temps dans la résidence familiale pour essayer de lui enlever "ses folles idées" de la tête.  Déranger le pouvoir, ça ne vous rappelle pas quelque chose de très actuel?

Nous avons visité la prison reconstituée de Saint-François à la Chiesa Nuova (tout juste en face de notre hôtel à Assise). Cette église a été construite en 1615 (d'où le nom de Nuova!) sur les ruines de la maison paternelle de François d'Assise. Et nous avons revu hier la Basilique Saint-François : Giotto, Lorenzetti, Cimabue, Simone Martini. Après avoir vu l'exposition Signorelli à Pérouse.
Pas besoin d'aller en montagne pour avoir le vertige.

jeudi 26 avril 2012

On est d'où on se sent le mieux

Cette phrase tirée du roman Le neveu d'Amérique de Luis Sepulveda, me revient souvent en tête. Je pense l'avoir mieux comprise lors de ce deuxième séjour en Italie. Elle n'impose pas de faire un choix, de renier d'autres lieux qui nous ont façonnés et "où on s'est senti le mieux". C'est la somme de tous ces lieux et, surtout, de tous ces moments vécus au présent, qui font que nous sommes ce que nous sommes. On peut à la fois se sentir le mieux (les exemples qui suivent sont tout à fait le fruit du hasard) dans le Bas-Saint-Laurent et en Toscane, pour toutes sortes de raisons, qui tiennent des gens, mais aussi de la lumière, des odeurs, du vent, de la pluie et de la lune.

mercredi 25 avril 2012

Assise

Hier, randonnée de six heures à partir de Spello, jolie petite ville, beaucoup plus souriante que Trevi, le soleil aidant sûrement. Nous avons d'abord traversé des oliveraies, beaucoup, puis des forêts de chênes et de pins. De temps à autre, une vue plongeante sur la vallée, bourdonnante, et Assise. Après un arrêt à l'Eremo delle Carceri, lieu particulièrement protégé par la nature environnante où Saint-François se retirait pour méditer, nous sommes descendus sur Assise. La descente est raide, l'altitude passe de 800 mètres à 425 mètres en peu de temps. L'arrivée à Assise coïncide aussi avec le retour à la civilisation : les voitures foncent à miroirs abattus dans des rues étroites comme des couloirs.


Hier, c'était fête en Italie. Jour de la libération. Beaucoup d'animation dans les rues, occupées surtout par des familles italiennes. Beaucoup de moines et de religieuses y circulent aussi. Il y a même un ermite, pieds nus et en haillons. Il nous semble l'avoir vu habillé "normalement" plus tard en soirée, ce qui fait dire qu'il joue peut-être le même rôle que les centurions à Rome...ou le bonhomme carnaval à Québec. La photo ci-contre n'est pas très bonne, mais pour la rendre plus évocatrice, nommons-la : Ballet strident des martinets, au soleil couchant sur les collines bleues de l'Ombrie. Aujourd'hui, nous troquons nos habits de marche, qui commencent à puer, pour nos habits de ville et nous allons à Pérouse voir une exposition sur Luca Signorelli, considéré comme l'un des peintres les plus importants de la Renaissance italienne.  



De mieux en mieux

Dans la série Pranzo al sacco (ou pique-nique)  

Dimanche
Mardi
Jeudi

mardi 24 avril 2012

Vie d'ermite

Pas de photo ni de fioritures (connexion très faible).
Nous sommes à Trevi; ni la fontaine, ni les piscines.

La via Francigena ou via Roma, ou chemin de Saint-François, relie La Verna à Rome en passant, bien entendu, par Assise. Nombreux sont les signes du passage de Saint-François, dont un que nous avons vu aujourd’hui : l’Eremo Franciscano, où il se serait retiré quelque temps dans une grotte, déjà fréquentée au quatrième et au cinquième siècles par des ermites venant de Syrie et d’Égypte. Aujourd’hui, vivent dans cet ermitage deux religieuses (en fait trois depuis aujourd’hui même puisque nous sommes arrivés pendant les célébrations soulignant l’arrivée de la troisième). Comme il pleuvait et que nous étions un peu trempés, nous avons sonné pour voir si nous pouvions nous abriter, le temps de manger notre lunch. Une des religieuses est venue nous ouvrir, d’abord un peu méfiante, puis de plus en plus ouverte, le fait que nous parlons italien ayant sans doute aidé. Elle nous a offert le café et même un reste de risotto et nous a proposé de visiter la grotte. Elle a gentiment répondu à nos questions et donné toutes les explications. Quand est venu le temps pour nous de repartir, elle nous a reconduits avec sa consoeur jusqu’à la grille et les deux ont entamé un chant qui se voulait sans doute un souhait de bonne route. C’était émouvant de les voir et de les entendre. Loin du monde, loin du bruit,  loin du bruit du monde. Je ne serais pas étonné qu’elles prient pour nous ce soir; puis-je lui suggérer de prier pour qu’il fasse un peu plus beau; il a plu presque toute la journée.

lundi 23 avril 2012

Qu'elle est belle notre terre

Qu'elle est belle notre terre quand 250 000 personnes à Montréal et des millions  ailleurs sont prêtes à marcher pour elle. Nous avons fait notre modeste contribution en parcourant 20 kilomètres en Ombrie. Vingt kilomètres de paysages changeants, des montées, des descentes abruptes, des forêts denses, des éclaircies, des vues sur les vallées, de temps à autre, un hameau en ruines, une chapelle. Du soleil, de la pluie (surtout vers la fin), de la caillasse et de la bonne bouette (aggravée par le passage des vaches).


L’abbaye San Pietro in valle où nous nous trouvons n’est plus une abbaye depuis longtemps, mais elle en garde toute l’apparence, avec son cloître, son église et ses « cellules ». Nous avons celle de Frère Timothée qui servait aussi de chambre pour les pèlerins. L’abbaye est entièrement entourée de verdure. Un endroit calme et serein, qui ne l’a sans doute pas toujours été pendant ses 12 siècles d’histoire où elle a vu passer Barberousse, les Sarrasins, des moines peu vertueux, les délégués du pape venus ici pour remettre de l’ordre et Mussolini.

samedi 21 avril 2012

Ombriens et Étrusques


En quelque sorte cousins et en tout cas voisins des Étrusques, les Ombriens, peuple de bergers, ont marqué cette terre. Des fouilles archéologiques ont permis de retrouver de nombreux vestiges, qui remontent dans certains cas à plus de 2500 ans. Ennemis pendant quelques siècles, Ombriens et Étrusques se sont alliés pour affronter l'envahisseur romain, mais ont été défaits et sont devenus sujets de Rome.




Hier, visite de Spolète et de ses nombreux monuments : théâtre romain, églises paléo-chrétiennes et romanes, pont du XIIIe siècle, et longue randonnée sur le chemin de Saint-François...qui s'est terminée par la visite d'une église du Ve siècle.  J'oubliais, sur le chemin, un couvent qu'aurait fréquenté Saint-François.
La Rocca (forteresse) construite au XIIIe
siècle et Pont des deux tours.

Bon Jour de la Terre!

Saint-François d'Assise a été proclamé Patron des écologistes par Jean-Paul II en 1979 et comme nous suivons ses traces en ce moment, voici un extrait de circonstance de son Cantique des créatures :
Soyez loué, Seigneur, pour notre soeur la Terre
Qui nous soutient et nous nourrit;
Elle produit des fruits, des fleurs aux mille nuances,
Ainsi que la verdure.

vendredi 20 avril 2012

Le petit Néron

Néron
Chose
L'un jouait de la lyre pendant que Rome brûlait, l'autre délire pendant que ça chauffe à Montréal.










Message de Saint-François d'Assise : Si, aujourd'hui, Jean Charest est stigmatisé, c'est qu'il l'a bien cherché.

jeudi 19 avril 2012

Une relation d'affaires?

Il a été tellement fiable et efficace ce Giallo que j'en ai presque oublié son existence, même siégeant sur lui. Incarnation d'un service à la clientèle discret et attentionné, il a su me faire oublier son prédécesseur, beaucoup plus émotif et revêche. Nous avons eu en somme, Giallo et moi, une relation d'affaires...jusqu'à aujourd'hui où nous devions nous séparer, un peu tristement je l'avoue. Il m'a même fait voir un côté coquin que je ne lui connaissais pas en essayant de se camoufler dans les fleurs de "rape" (le terme équivalent français serait navet, mais ça reste à confirmer, car ça ne ressemble pas du tout à nos navets).

Le voici qui pose pour la photo traditionnelle, à la fin de notre dernière sortie, solitaire et écourtée en raison du temps pluvieux. Un dernier Scopitoune (record personnel de 20 minutes) et quelques kilomètres autour d'Arezzo. Après la sortie de dimanche dernier à la Verna, je me suis senti un peu paresseux.
À partir de demain, les vacances et l'Ombrie à pied. Le parcours débute à Spolète; il paraît que par-là (suit un vilain jeu de mot).

P.-S. : Je constate que ce blogue compte maintenant 19 membres. Je suis touché et, pour manifester ma gratitude, j'offre la pizza gratuite au 20e membre.

mercredi 18 avril 2012

Voisinages

Le puits et le figuier

Vélo hier matin avec M. Badii, l’orfèvre, et probablement rebelote demain (ce sera la dernière sortie avec Giallo). Quittant la ville et son heure de pointe, nous nous sommes retrouvés dans le Val di Chiana, là justement où nous devions nous rendre un peu plus tard dans la journée pour dîner chez des voisins d’Arezzo qui y ont un agriturismo. Nous sommes passés sous Civitella in Val di Chiana, dont la position surélevée et les fortifications construites au septième siècle n’ont pas pu la protéger contre la fureur des Allemands pendant la Deuxième Guerre mondiale. Le 29 juin 1944, les soldats de la division Hermann Göring y ont massacré 244 personnes en représailles pour le meurtre de deux soldats par des partisans.



Le Val di Chiana était jusqu’au 19e siècle une zone de marécages où sévissaient la malaria et autres fléaux. Des travaux d’assainissement et d’assèchement en ont fait une terre très fertile. Depuis la maison de nos voisins, et désormais amis, nous pouvions voir des collines verdoyantes, parfois un groupe de maisons ou une église et des sentiers qui donnent envie d’y déambuler. Les lilas, le romarin et les rosiers sont en fleur. Il se dégage de ce paysage une grande douceur même si, là où il y a l’Homme, il y a souvent la tragédie.

dimanche 15 avril 2012

La Verna (bis)

Deuxième visite de ce sanctuaire où Saint-François d'Assise a reçu ses stigmates et s'est retiré en prière. Après avoir fait un long détour volontaire par Castiglion Fibocchi et Talla, question de se mettre en jambes, j'ai mis environ 1 heure et quart pour faire les 15 kilomètres qui séparent Rassina (300 mètres) de La Verna (1 120 mètres). Les bornes kilométriques défilent lentement, très lentement et, suprême supplice, il y a des bornes à tous les 100 mètres les trois derniers kilomètres. Beaucoup de monde là-haut et de nombreux moines, dont un qui sirote son petit verre de vin blanc à la buvette. Après Saint-François, j'avais l'intention d'aller saluer Michel-Ange à son village natal, Caprese Michelangelo, mais le temps s'est gâté et je suis plutôt redescendu par la même route, sous la pluie. C'était peut-être trop ambitieux d'essayer de voir Saint-François et Michel-Ange le même jour!




Au retour, j'ai longé l'Arno un bon moment et suis revenu au foyer, près de sept heures après en être parti.

samedi 14 avril 2012

Orfèvrerie


La semaine dernière, nous avons visité l'atelier d'un orfèvre qui travaille encore selon des méthodes traditionnelles, ce qui, selon lui, est devenu extrêmement rare. Il travaille tous les métaux, est sculpteur, dessinateur. Il a un oeil d'artiste, c'est clair. Il pratique le métier depuis 1961 et a la chance de voir son fils prendre la relève.
http://www.arteorafabadii.it/galleria.php
Moi qui n'y connais rien à l'orfèvrerie, je partage avec lui la passion du vélo. Nous en avons parlé quelque peu lors de cette visite, puis je suis retourné deux jours plus tard pour lui poser quelques questions sur des parcours. De fil en aiguille, ou plutôt de ciselet en maillet, il m'a proposé de faire une sortie la semaine prochaine dans les environs du Scopetone. J'ai intérêt à être en forme, car je suis certain que, malgré ses 70 ans bien sonnés, il en a sous la pédale.
Nathalie l'avait déjà rencontré il y a deux ans et m'avait parlé de la sculpture qu'il avait faite de Marco Pantani et qu'il avait offerte aux parents du coureur après son décès en 2004. Une bien triste histoire que celle de l'Elefantino (aussi surnommé Le pirate).


http://fr.wikipedia.org/wiki/Marco_Pantani
http://www.ina.fr/sport/cyclisme/video/CAC98031222/l-exploit-de-pantani-resume-de-l-etape.fr.html

mardi 10 avril 2012

Les bouffons

Après s'être débarrassés de Berlusconi (bien qu'il sévisse encore au parlement et dans le grand nombre de médias qui lui appartiennent), les Italiens ont assisté la semaine dernière à la démission d'Umberto Bossi, président de la Ligue du Nord, parti d'extrême-droite prônant la sécession de la région nord (Padanie) du reste de l'Italie et reconnu pour ses positions xénophobes et homophobes et son mépris de l'Italie du Sud (des "bons-à-rien qui végètent et coûtent cher"). Le scandale est arrivé par le fils, Renzo, qui aurait abondamment utilisé les fonds publics, notamment pour payer des études à Londres (130 000 euros, une BMW de 50 000 euros, etc.). Mais le scandale est beaucoup plus large et impliquerait un grand nombre de membres haut placés du parti. L'infiltration de la mafia serait également en cause (Roberto Saviano en parlait déjà depuis un moment).
S'il y a apparence de ménage dans la vie politique italienne en ce moment, le gouvernement technique de Mario Monti est loin de faire l'unanimité dans la population. On l'accuse de vouloir sauver les banques et satisfaire les marchés financiers et le FMI au détriment de la classe moyenne et des petits commerçants, aux prises avec des hausses considérables de taxes et d'impôts. C'est sans compter le taux de chômage qui ne s'améliore pas et qui atteint 30 % chez les jeunes. Mais au moins, l'Italie a en ce moment un gouvernement digne de ce nom.
Parlant de bouffon, M. Dominique Strauss-Kahn était à Arezzo hier; il a admiré les fresques de Piero della Francesca à la Basilica San Francesco et a mangé sur une terrasse en compagnie d'Anne Sinclair. Berlusconi, Strauss-Kahn et probablement Bossi, ça fait beaucoup d'impunité dans l'air.

lundi 9 avril 2012

L'essence du vélo

À prime abord, ce titre sent l'oxymoron. S'il y a bien quelque chose dont on n'a pas besoin en vélo, c'est d'essence, qu'elle soit à 1,49 $ ou à 1,66 le litre. En vélo, ce sont les jambes qui servent de carburant...et la tête.
L'essence du vélo, c'est être sur la route, dans la nature (et même dans le trafic), répéter le même mouvement, à la fois douloureux et libérateur. C'est se sentir vivant, très vivant, extraordinairement vivant (ce qui vaut pour beaucoup d'autres activités physiques, j'en conviens), surtout quand on vient de terminer une longue ascension, dont on s'extrait à la fois enivré et abruti.
Pourquoi ce délire? Parce que c'est ce que j'ai ressenti aujourd'hui : une sortie de 80 kilomètres, dont au moins une vingtaine de kilomètres de montées, des descentes interminables et l'impression d'être extrêmement privilégié, là, en pleine nature.

C'est bien de la neige qu'on voit au fond. Il fait beaucoup plus froid depuis hier. Des kilomètres et des kilomètres sans maison, sans auto. Il faut parfois se pincer pour réaliser qu'on est en Toscane, tellement l'environnement est sauvage. Je conclus en disant que la sortie d'aujourd'hui arrive très haut dans mon classement personnel. Comparable à la Nouvelle-Zélande, le vall de Gallinera en Espagne et (presque) à la 132 entre Saint-Denis et Saint-André. Seul regret, Nathalie n'était pas là.

Ça c'est un bon cochon

En cette période de festivités, ayons une bonne pensée pour nos amis les bêtes, en particulier celles qu'on mange.


Et on doit dire un gros merci à Paola et à Luca, et à leurs parents respectifs, qui nous ont invités pour Pâques et nous ont fait découvrir leur future maison de campagne. La vue y est exceptionnelle. Rien de fastueux, c'est même assez rustique et en tout cas très authentique. 
 

samedi 7 avril 2012

Nocturne

Pas de photo, mais ce lien : http://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_de_Vallombrosa.
Partis vers les 20 h depuis le Passo della Consuma, nous avons marché environ 3 heures pour arriver à cette abbaye. Les conditions étaient assez difficiles : vent, brouillard, bouette et température autour de zéro. La pleine lune est restée cachée derrière les nuages. Cette excursion, qui était organisée par le Club alpin italien, reconnu pour son caractère spartiate, n'était pas si difficile en soi. Mais il fallait avoir l'équipement, en particulier la lampe frontale.
Quand nous sommes arrivés à l'abbaye vers 11 h 15, la messe de Pâques était déjà commencée. Elle allait durer deux heures. L'intérieur de l'église, très restauré, n'est pas aussi impressionnant que l'extérieur. Après la messe, nous avons eu droit à une collation traditionnelle. J'ai entrevu un moine traverser furtivement la rue, soutane au vent. Puis nous sommes revenus en autobus en empruntant sur plusieurs kilomètres une petite route en lacets, ayant la largeur...d'un autobus.

vendredi 6 avril 2012

En terrain connu

Après ce pont bien de chez nous, une montée de quelque 300 mètres jusqu'au Valico della Scheggia (valico signifie col). Dans mon souvenir, il y avait un répit. Il semble qu'ils l'ont enlevé depuis l'année dernière. Ça a été mon petit calvaire à moi en ce Vendredi Saint.
On voit plus bas que je tente une attaque...mais elle n'a pas fonctionné. J'ai été vite avalé par le peloton et recraché derrière.



Sinon, la campagne est à son mieux : les lilas et le colza sont en fleur, les coquelicots sont sortis. C'est la période de l'émondage des oliviers et de la préparation des vignes. L'orage d'hier soir (la première vraie pluie depuis que nous sommes arrivés) a fait du bien, mais ce ne sera pas suffisant, car on parle déjà de rationner l'eau. Il n'a pas assez plu cet hiver, ni depuis le début du printemps. Ça risque d'être difficile en juillet et août.

Les Jules

Après avoir vu les splendeurs (les chambres de Raphaël, le plafond de la Chapelle Sixtine) que l'on doit à Jules II (pape de 1503 à 1515), nous avons visité cette semaine Monte San Savino, petite ville d'environ 8500 habitants située à quelque 20 kilomètres d'Arezzo, qui a connu son apogée sous Jules III (pape de 1550 à 1555). Nous y avons vu également une ancienne synagogue qui, bien entendu, n'a rien à voir avec le pape, mais dont la visite était très intéressante, la présence juive en Toscane étant un sujet peu documenté.
Jules I a vécu au 4e siècle et, d'après mes recherches, assez sommaires j'en conviens, Jules IV est sur Facebook. Il va sans dire que je vous dispense de l'histoire des Benoît et des Jean (on en compte 39 au total).

mardi 3 avril 2012

Sauve-qui-peut

Comme c'était la première fois que j'allais à Rome, on ne pouvait pas ne pas visiter le Vatican. Les cinq heures que nous y avons passées nous ont permis de voir des trésors de l'humanité. Tout d'abord, dans la basilique, la pieta de Michel-Ange, dont on a dit ceci : "plus l'attitude du corps est calme, plus elle est apte à exprimer le vrai caractère de l'âme". Sa vue provoque une véritable émotion. Puis, les chambres de Raphaël, la chapelle Sixtine, la salle des cartes géographiques; la liste serait interminable. Cependant, tout se voit à la queue leu leu, parfois en jouant du coude, dans un espèce de sauve-qui-peut général qui empêche tout émerveillement. On en ressort à la fois déçus et...contents d'en être sortis. La désorganisation est à peu près totale et incompréhensible vu l'importance du lieu. Il y avait heureusement la Pinacothèque où nous avons pu prendre le temps de regarder des oeuvres de Melozzo da Forli (les anges musiciens), Fra Angelico, il Perugino et d'autres.
Une telle concentration de richesses est sidérante. Près de la sortie, nous sommes passés devant des tableaux de Matisse et Chagall sans même nous arrêter, comme des milliers d'autres personnes ce jour-là.
Rome est une ville qui vous rentre dedans. L'air d'Arezzo était particulièrement rafraîchissant hier soir.
SPQR : Sono pazzi questi romani (ils sont fous ces romains!)

Dimanche des rameaux

La journée de dimanche a débuté à la basilique Saint-Jean-de-Latran, la "mère des églises de Rome et du monde", qui a été le siège de la papauté jusqu'au XVe siècle. On retiendra surtout de la visite le cloître qui raconte 15 siècles d'histoire dans la pierre, le marbre et la mosaïque, et la bénédiction des rameaux qui démontre, encore une fois, l'attachement des Italiens à la tradition, lequel passe par la religion sans pour autant être synonyme de dévotion.
Pas très loin, se trouve la basilique San Clemente, qui incarne 2000 ans d'histoire sur trois niveaux. La basilique du XIIe siècle, au premier niveau, renferme une mosaïque fascinante, sorte de bande dessinée aux innombrables détails. Un étage plus bas, une basilique du IXe siècle, sombre et labyrinthique. Et plus bas, des restes d'habitations du premier siècle avant Jésus-Christ.


2000 ans d'histoire, ça creuse. Ce ne sont pas les restaurants qui manquent dans le secteur, puisque le Colisée est tout près. Nous avons la chance de tomber sur une hostaria très sympathique.
Calmars, roquette et lime, une combinaison gagnante.


En fin d'après-midi, nous avons parcouru le Trastevere, quartier à la fois typique et très fréquenté, un peu étouffant comme certaines rues de Venise, les autos et les motos en plus. Et pour finir, le Janicule, une des sept collines de Rome, d'où la vue est bien entendu spectaculaire. Là aussi, les autos et les motos semblent avoir la priorité et l'accès n'est pas nécessairement facile ou évident pour les piétons. Montagne pour montagne, on se rend bien compte que le Mont-Royal est un lieu privilégié, beaucoup plus convivial pour le promeneur.