mardi 31 décembre 2013

31 décembre

Je sais que vous gelez chez nous; alors, je n'insisterai pas trop sur le fait que j'ai fait une sortie à vélo de 45 km aujourd'hui (à huit degrés quand même). Jusqu'à maintenant, ce séjour a surtout des allures de vacances. Je pense que j'ai plus dormì en trois jours que dans les trois semaines qui ont précédé. Ce soir, nous fêtons le nouvel an avec nos amis et professeurs. Il y aura entre autres du cotechino, une affaire de cochonailles bouillies, semble-t-il.
Et BONNE ANNÉE!

mardi 26 novembre 2013

Des nouvelles de l'Italie

« Sono il leader. Non lascio. » (Silvio Berlusconi)

Berlusconi passe à l'opposition avec les débris de son parti. Demain, de toute façon, il sera probablement déchu de ses fonctions. Sous le coup d'accusations de corruption, de subornation de témoin, de fraude fiscale, de détournement de mineure et on en passe, Berlusconi quittera probablement bientôt le radar de la vie politique italienne après 20 longues années. Il est peu vraisemblable qu'il soit arrêté. Il ne demanderait pas mieux car il aime bien jouer les martyrs et jouer tout court. Une fois exclu, il touchera une prime de 100 000 euros et une retraite de 8 000 euros par mois.
La fin de Berslusconi? Peut-être le début si le gouvernement tombe et qu'une nouvelle campagne électorale est déclenchée.

Le gouvernement tombera-t-il? Probablement pas tout de suite. Mais on ne peut jurer de rien.
« Dopo il caos, c'è più chiarezza, » (Enrico Letta)

Mercredi, 27 novembre, 12 h
Voilà, c'est fait. Il est déchu de son poste de sénateur. Le problème, c'est qu'il a encore des supporteurs qui crient au coup d'État et qui parlent d'un jour de deuil. Si, à Toronto, une partie de la population est assez gelée (au sens de dopée) pour continuer à appuyer Rob Ford, une partie de la population italienne doit être assez intoxiquée (par l'argent et la télé de Berlusconi) pour donner son appui au Cavaliere.

http://italie.blog.lemonde.fr/2013/11/27/litalie-sans-berlusconi/

Entretemps, le taux de chômage se situe à 12,5 % dans l'ensemble de la population et à près de 40 % chez les moins de 30 ans!



dimanche 17 novembre 2013

Jeunesse


Je n'ai pas pu résister. Mon fils qui se marie! Pas le temps de s'émouvoir; la cérémonie est trop courte. La fête qui a suivi était bien réjouissante. Elle a montré que Vincent et Mélisande sont vraiment bien entourés. Plein de beaux jeunes qui ont des projets, des espoirs, des rêves et des doutes, car trouver sa place dans le monde n'est pas facile. Plus difficile aujourd'hui. Probablement. Ce monde est toujours plus complexe, plus insaisissable, plus exigeant; il est tellement facile aujourd'hui de s'égarer, de se laisser divertir de son essence. Je sais bien que beaucoup de membres de notre génération et des précédentes n'ont jamais vraiment trouvé leur place. Mais je dis : place aux jeunes. Écoutons-les, sans parti pris générationnel.

Aujourd'hui, dimanche, j'ai emprunté Camilien-Houde deux fois, avant la pluie. Cela m'a permis d'oublier le camilus interruptus de vendredi dernier quand une vilaine crevaison m'a interrompu en pleine ascension.
De plus en plus, les cyclistes sont aussi rares que les feuilles dans les arbres et, comme les feuilles, les bourrasques les emportent parfois.

dimanche 3 novembre 2013

Why Nations Fail

http://whynationsfail.com/
Entre deux billets, je me suis employé à convaincre des maisons d'édition ou des éditeurs sur le Web d'accepter ma traduction (en devenir) de ce livre. Pas de résultats encore, mais un bel exercice en dehors de la traduction alimentaire.
Les deux auteurs de Why Nations Fail parlent de pouvoir, de pauvreté et de prospérité et cherchent à expliquer les causes des inégalités. Ils démontrent, au moyen d'une foule d'exemples, que les pays pauvres sont victimes de leurs dirigeants, des élites qui « extraient » toute la richesse nationale pour leur seul profit. Dans les pays qui prospèrent, les dirigeants ont été obligés en quelque sorte de partager le pouvoir avec d'autres couches de la société. On passe de l'Empire romain à la révolution industrielle, de la Corée du Nord au Botswana. Je résume très sommairement.

Depuis la publication de leur livre, les auteurs tiennent un blogue dont j'ai traduit deux extraits. Il y est question de l'Ouzbékistan, dont le nom à la consonance exotique cache une bien triste réalité.


ENTRONS DANS L’UNIVERS DES NATIONS QUI ONT ÉCHOUÉ

Les exemples d’échec sont innombrables. Lorsqu’on parle de nations qui ont échoué, la Somalie ou l’Afghanistan viennent probablement tout de suite à l’esprit, les institutions étatiques s’y étant presque entièrement effondrées. Or, beaucoup d’autres nations ont échoué. Dans le contexte actuel de mondialisation et d’intégration, il existe d’immenses écarts en termes de prospérité économique entre les pays. Selon les plus récentes données de la Banque mondiale, le revenu par habitant aux États-Unis, soit 47 360 $, est environ 50 fois celui de la Sierra Leone, 40 fois celui du Népal ou 15 fois celui d’El Salvador ou de l’Ouzbékistan. Dans ces pays, l’État ne s’est pas écroulé comme en Somalie ou en Afghanistan, mais aucun n’a réussi à s’approcher de la prospérité dont jouissent des pays tels que les États-Unis, la Suisse ou l’Allemagne. Leur échec n’est pas moins porteur de conséquences que celui de la Somalie et de l’Afghanistan. Et il résulte tout autant des choix  faits par ces pays, ou pour être plus exact par leurs élites et leurs dirigeants.

Ce blogue vise à faire comprendre pourquoi les nations échouent et à interpréter les événements économiques, politiques et sociaux actuels à la lumière de la théorie que nous avons élaborée dans notre ouvrage intitulé Why Nations Fail.

Entrons donc dans le triste univers des nations qui ont échoué.

Un premier cas est l’Ouzbékistan. Pourquoi le revenu par habitant de ce pays équivaut-il à 1/15 de celui des États-Unis? L’explication se trouve-t-elle dans le « capital humain », - les Ouzbeks sont-ils moins instruits et moins compétents? La réponse a de quoi surprendre : l’inscription dans les écoles primaires et secondaires en Ouzbékistan se situe à près de 100 %, tout comme le taux d’alphabétisation. En y regardant de plus près, cependant, on constate un phénomène un peu particulier au sujet des écoles ouzbeks.

L’économie de l’Ouzbékistan est basée sur le coton, qui représente 45 % des exportations du pays. Les capsules de coton sont prêtes à être récoltées au début septembre, à peu près en même temps que la rentrée scolaire. Dès que les élèves arrivent, les écoles se vident et 2,7 millions d’enfants (selon les chiffres de 2006) sont envoyés par le gouvernement dans les champs de coton. Les enseignants deviennent alors des recruteurs de main-d’œuvre. Gulnaz, mère de deux de ces enfants, raconte :

Au début de chaque année scolaire, dans les premiers jours de septembre, les cours sont suspendus et, au lieu d’aller en classe, les enfants vont récolter le coton. Personne ne demande aux parents s’ils sont d’accord.  Les enfants n’ont pas congé le week-end [pendant les récoltes]. Si, pour une raison ou une autre, un enfant reste à la maison, son professeur ou le responsable de sa classe se présente au domicile et dénonce les parents. Chaque enfant se voit attribuer un quota, qui s’échelonne entre 20 et 60 kg par jour selon l’âge. Si l’enfant n’atteint pas son quota de la journée, il est réprimandé devant toute la classe le lendemain matin.

La récolte dure deux mois. Les enfants des campagnes qui ont la chance d’être envoyés dans des fermes situées près de chez eux peuvent faire le trajet à pied ou on les emmène au champ en autobus. Ceux qui viennent de plus loin ou qui habitent dans les villes doivent dormir dans des hangars ou des entrepôts, avec la machinerie et les animaux. Ils n’ont pas accès à des toilettes ni à une cuisine. Les enfants doivent apporter leur repas du midi. Au printemps, l’école ferme, car des travaux obligatoires de binage, de désherbage et de transplantation doivent être effectués.

En définitive, les enfants ouzbeks n’apprennent pas tant que ça dans les écoles de leur pays. Ils sont plutôt forcés d’aller travailler. Ce type de contrainte, dans les faits trop répandu, est caractéristique des institutions qui, en plus d’échouer à transmettre un capital humain aux enfants, sont à l’origine d’une faillite économique et sociale beaucoup plus large. Cette situation n’est pas le produit d’un accident ni le vestige inévitable de pratiques ancestrales.


Des institutions extractives en action : l’exemple de l’Ouzbékistan 

Pourquoi donc des millions d’élèves ouzbeks sont-ils envoyés au champ pour récolter le coton?

L’Ouzbékistan a obtenu son indépendance lors de l’effondrement de l’Union soviétique en 1991. Islam Karimov, ancien premier secrétaire pour l’Ouzbékistan du parti communiste soviétique, s’est alors autoproclamé nationaliste ouzbek et est devenu président. Il l’est demeuré depuis en recourant à des élections frauduleuses et à la répression.


Après l’indépendance, les terres, qui étaient auparavant contrôlées par des entreprises appartenant à l’État, ont été distribuées aux fermiers, mais ceux-ci ne sont pas devenus libres pour autant de cultiver et de vendre ce qu’ils voulaient. Le gouvernement a en effet instauré des règles déterminant ce qu’ils devaient cultiver et le prix qu’ils devaient en demander. Cela signifiait pour les producteurs de coton une infime fraction du prix mondial et, même si vendre à ces prix n’avait aucun sens, le gouvernement les a obligés à le faire. Avant l’indépendance, la majeure partie du coton était récoltée au moyen de moissonneuses-batteuses. Vu la faible rétribution pour leur travail, les fermiers ont cessé d’investir dans la machinerie agricole ou de l’entretenir. Le travail forcé des enfants a donc été la méthode retenue par Karimov pour assurer la rentabilité des récoltes du coton.

Une partie de territoire de l’Ouzbékistan est aussi idéale pour la culture du thé, secteur dans lequel la société américaine Interspan a investi massivement. En 2006, cependant, la fille de Karimov, Gulnara Karimova, qui est diplômée d’Harvard et membre du jet-set international, a commencé à s’intéresser à ce marché. Gulnara est une femme aux multiples talents, comme on peut le voir sur son site Web (http://www.gulnarakarimova.com/en). Ainsi, elle fréquente des vedettes de rock comme Sting et a même chanté en duo avec Julio Iglesias (http://www.youtube.com/watch?v=oFDVWJ0N89U).

L’intérêt de Gulnara s’est porté sur les actifs et les marchés d’Interspan et s’en emparer n’allait pas se faire au moyen d’une offre alléchante. L’entreprise a en effet indiqué que des hommes armés de mitrailleuses, vraisemblablement des agents des services secrets ouzbeks, ont fait irruption dans ses bureaux et entrepôts et saisi ses actifs et ses stocks. Ses employés ont été quant à eux arrêtés et torturés. En août 2006, l’entreprise s’est retirée de l’Ouzbékistan et le thé est devenu l’affaire exclusive de la famille Karimov. Le marché du thé n’est pas le seul sur lequel  Gulnara Karimova aurait mis la main par la force et l’expropriation. Elle aurait utilisé les mêmes procédés pour acquérir des actions de la franchise d’embouteillage de Coca-Cola de même que des intérêts dans le secteur du pétrole. Elle contrôle le principal exploitant de téléphonie mobile du pays et a des participations importantes dans plusieurs autres secteurs, dont le ciment et les boîtes de nuit. (Ironiquement, l’une des autres filles de Karimov,  Lola, est une « militante pour les droits des enfants »!)

Prix de vente imposés aux producteurs agricoles par le gouvernement, travail forcé, expropriation de biens par les services secrets et la famille du président; ce ne sont là que quelques caractéristiques de ce que nous appelons des institutions économiques extractives — des institutions économiques dont la finalité est de dépouiller la population et les entreprises des ressources au profit d’une élite restreinte.

Comme la plupart des nations qui sont pauvres, l’Ouzbékistan échoue parce que sa population est  régie par des institutions économiques extractives, qui n’encouragent pas l’investissement ni l’innovation technologique et qui obligent les citoyens à exercer des activités contre leur gré ou pour lesquelles ils sont mal outillés (par exemple les fermiers qui sont contraints de cultiver un produit en particulier et les enfants qui sont forcés de récolter le coton au lieu d’aller à l’école).
 
Ce qu’il faut retenir surtout, c’est que la présence de ces institutions économiques extractives n’est pas fortuite; elles existent pour servir l’élite. On n’obligeait pas les enfants ouzbeks à récolter le coton lorsqu’il était produit par des entreprises d’État. Cette institution économique a vu le jour lorsque Karimov et ses acolytes se sont rendu compte que, vu les prix imposés aux fermiers, la production de coton dégringolerait.

Novembre

Le mois des morts et des cyclistes morts de froid. Il faut bien mettre un terme à la saison, même s'il y aura encore quelques sorties, si le vent le veut bien. Pas de grands cols cette fois, mais une année encore bien remplie de centaines de milliers de coups de pédale, sans douleur ou presque. Comme je me sens loin du Paso della Consuma, de Vallombrosa, de la valle del Nestore, de Palazzo del pero. Et comme je me sens près à la fois; je continue à pédaler dans ma tête. C'est plus pratique. Pas besoin de m'emmitoufler. Quand je pédale, je pense. Quand je pense, je pédale. Le cycle est complet.  

mercredi 2 octobre 2013

îles


Première constatation (c'est Rockquiroule qui parle), les Îles-de-la-Madeleine sont éminemment cyclables. Elles sont beaucoup plus étendues que je ne le croyais. En fait, je n'en connaissais pas grand-chose. Je savais qu'elles vivaient dans la précarité, environnementale et économique. La précarité environnementale, on la voit tout de suite par les falaises rongées et les dunes affalées et on peut facilement imaginer que les vents de tempête affaiblissent toujours un peu plus les îles. L'homme aussi, qui aime bien parcourir les dunes et les plages avec ses engins motorisés en tout genre, contribue à cet affaiblissement.
 
 
 
La précarité économique est plus difficile à visualiser. Bien sûr, la pêche et le tourisme, les deux pôles économiques des îles, sont des activités très saisonnières. Mais il semblerait aussi qu'elle soit liée à une certaine culture symbolisée par l'expression faire ses timbres. 
 
En cette période de l'année, les touristes sont partis pour la plupart; les établissements ferment les uns après les autres, la pêche est très limitée. À quoi peut bien ressembler l'hiver ici? Une longue nuit bleutée, givrée? En attendant, nous avons eu la chance d'y voir une belle semaine d'automne.
Moins de mots, plus de photos (éparpillées comme les maisons sur les îles) pour montrer l'immensité, la beauté, la solitude et la précarité de ce lieu.

Poudrerie de sable

La maison des falaises, sur l'île
du Havre aux maisons


Cap Hérissé
Île Boudreau, à la Pointe sud
 
Plage de la Grande Échouerie


Pas d'orignal, ni de chevreuil aux Îles-de-la-madeleine, mais des jambons par milliers chez Cochons tout ronds (http://www.cochonstoutronds.com/). Une expérience sensorielle hors du commun. Du pays des homards, nous revenons avec un jambon. Il y a parfois de ces rencontres inattendues.


























jeudi 26 septembre 2013

Ça l'achève

Quand on commence à voler des heures à la noirceur,
Quand on ne se demande plus quel maillot on va mettre, mais quelle veste,
Quand sortir en cuissard seulement relève de l'inconscience,
Quand on fait du slalom entre les mottes de fumier qui encombrent la bande cyclable,
Quand le vélo commence à faire un bruit de goret qu'on égorge chaque fois qu'on freine,
Quand on commence déjà à penser à la prochaine saison
C'est que ça l'achève, la saison ou le cycliste
Selon la façon dont on prononce
Du nerf, il faut se rendre à 4 000
En attendant, allons tâter du vent aux îles-de-la-Madeleine

samedi 14 septembre 2013

Dans le brouillard

 
 

 
 
 
Il n'y a qu'en imagination, dans les livres (Dany Laferrière) et dans le brouillard qu'on peut voyager aussi facilement. Ce pourrait être la Toscane, un décor de livre (l'Ombre du vent) ou Kamouraska, un frais matin de septembre. 

samedi 7 septembre 2013

Le doux pays (4)


Moins travailler a des avantages, comme profiter d'une belle journée de septembre pour aller embrasser le Kamouraska et Charlevoix, de Tadoussac au Cap Tourmente.
En prime, le chant des grillons, tellement caractéristique de la fin d'été :
http://www.chant-orthoptere.com/

jeudi 5 septembre 2013

Une année

À quoi ça sert un blogue? À s'exprimer? À raconter?

Rockquiroule est souvent sur les routes (3 500 kilomètres au compteur depuis le début de l'année), mais aussi souvent devant son ordinateur à travailler ou, depuis quelque temps, à attendre devant son ordinateur sans en avoir l'air.

Je sens le besoin de m'exprimer sur mon travail depuis un an...après presque 30 ans de carrière. Une carrière tout à fait normale, assez réussie selon les critères propres à notre profession. La dernière année, elle, a été « déroutante », « inquiétante », « dévalorisante », pour moi comme pour bien d’autres collègues.

La traduction a ceci de particulier qu'elle nous permet d'entrer dans des mondes parfois très éloignés de nous, étrangers et étranges à la fois. Celui de la grande entreprise, de l'efficacité d'exploitation, de la rentabilité en est un. J'ai essayé de l'appréhender...de le démasquer, de le traduire et je n'en ai que mieux constaté son implacabilité, sa facilité à encenser les individus puis à les jeter, à les effacer.

La traduction appartient aussi à ce monde, bien que par ricochet, car la grande entreprise n'y sévit guère. Elle y appartient, entre autres, parce que la qualité a depuis longtemps cédé le pas au tarif comme premier critère de sélection d'un fournisseur, sauf dans quelques rares cas et pour certains types de documents.*

Il semble bien que l'âge d'or de la traduction soit révolu. Appelons ça la marchandisation du mot. Si Wal-Mart et Costco peuvent vendre des œuvres littéraires, des logiciels peuvent bien faire le travail des traducteurs et des travailleurs des pays émergents peuvent bien le faire pour beaucoup moins cher.** On peut dire la même chose de beaucoup de professions, de métiers. Nous vivons l'ère de la dévalorisation du travail, du travail bien fait. Ce qui compte, c'est la course au profit. Pourquoi s'échiner à faire un travail respectable quand on peut gagner 10 fois, 20 fois, 100 fois plus en spéculant sur le travail et les biens des autres?

Le marché de la traduction est très fragmenté : tout d'abord, quelques multinationales, grandes adeptes de la technologie, de la traduction véloce et à bas prix, et quelques sociétés mégalomaniaques (« le plus grand nombre de clients », « le plus important cabinet », « le plus ancien », etc.). Il compte aussi une multitude de petits cabinets, qui sont souvent beaucoup plus proches des indépendants que des grandes structures pour ce qui est de leur mode de fonctionnement, de leur philosophie.

Au Canada, ce marché se compose à 35 % de traducteurs indépendants. Qui dit indépendant, dit latitude dans les horaires et les lieux de travail (et je peux dire que j'en ai bien profité), mobilité, mais aussi incertitude et précarité, ce dont j'avais été préservé pendant mes dix premières années de « liberté ». Je sais, le mot précarité ne s’applique guère à mon cas, vu le confort dans lequel je suis installé. C’est la valorisation professionnelle qui devient précaire.

Comme beaucoup d'indépendants, je me suis peut-être isolé; à force de vivre entre quatre murs, j'en ai peut-être frappé un. On finit peut-être par nous oublier à cause de l'absence de contacts (autres que par courriel). Et comme les traducteurs indépendants ne sont généralement pas de très bons promoteurs d'eux-mêmes, ils restent souvent enfermés dans leur mutisme.

Depuis un an, j'ai par moments l'impression de vivre d'expédients, de boucher des trous, de ramasser les miettes (même si elles sont parfois grosses, j'en conviens).

Notre travail, qui n'est déjà pas si valorisant, l'est encore moins s'il devient irrégulier et précaire. Les doutes surgissent, parfois l'incompréhension, la colère. 

Et si les traducteurs indépendants se parlaient et en parlaient?

Et si le ralentissement actuel est un signe qu'il faut commencer à préparer l'après ou le hors-carrière en cultivant ce qui, dans la vie, nous anime vraiment?

 Et c'est là que Rockquiroule redevient Rockquiroule.

En route pour de nouvelles aventures!
 
* « Sauf dans quelques exceptions, comme les documents certifiés et juridiques, les clients accordent moins d’importance à la qualité qu’aux coûts et à la rapidité d’exécution.» (Analyse comparative du Bureau de la traduction. Rapport final. PWC)
 ** « Les organisations se livrent une forte concurrence sur le plan des prix. Presque 80 % des fournisseurs chargent moins de 0,15 $ le mot pour leurs services. » (Idem)

jeudi 22 août 2013

Calme et volupté (2)

Cimetière Mont-Royal, dimanche matin, 7 h, avant de descendre le boulevard du même nom jusqu'au début de chemin Camilien-Houde. Cette montée faite je ne sais plus combien de fois, que je connais par cœur, qui parfois m'écoeure. Une, deux (le plus souvent), trois ascensions. C'est notre col à nous. La montagne, comme on l'appelle, est le vrai cœur de Montréal. On ne pourrait pas s'en passer. Plusieurs s'y sont d'ailleurs installés pour l'éternité. 

samedi 17 août 2013

Calme et volupté




En Estrie, au Spa d'Eastman, sur invitation de ma blonde. Une occasion pour Rockquiroule de parcourir la région, de revoir certains lieux (comme l'église de Saint-Étienne de Bolton), de redécouvrir l'odeur et la lumière de l'Estrie. Première sortie de 77 kilomètres autour du Mont Orford, sauvage et serein sur le flanc ouest et nord, plutôt défiguré sur le flanc sud (une montagne de ski en été, ce n'est pas très beau). Et deuxième sortie de 64 kilomètres vers Waterloo, Warden, Sainte-Anne-de-la-Rochelle et Bonsecours. Routes vallonnées et donc casse-patte; on passe son temps à changer de plateau ou de position (assis ou en danseuse) et on en revient assez fatigué. On retourne au Spa où on sait qu'on va pouvoir se reposer, car tout n'y est que repos, faire trempette dans l'eau chaude comme un brocoli dans sa marguerite et bien manger. Tellement bien manger en fait qu'on se demande comment peut-on si mal manger dans notre société. La réponse est assez simple, je crois : la puissance de l'industrie alimentaire qui essaie de nous habituer à des goûts comme à une drogue et la paresse et l'ignorance de ses cobayes volontaires.
C'est tellement plus simple d'aller « Chez Ben, on se bourre la bédaine » et autres « La patate à papouille ».
 
  

jeudi 8 août 2013

Le doux pays (3)

 
 
6 heures du matin en direction sud. Le seigle se prépare à se faire dorer. Excursion aux framboises qui se transforme en randonnée champignons. Les framboises se font rares, mais les champignons sont innombrables. Tiens, d'ailleurs, il pleut en ce moment.
Rockquiroule roule par à-coups. Petites sorties éclair (20, 30, 40 kilomètres), le nez dans le guidon, parfois pourchassé par un chien ou un carouge. On aura compris que je travaille beaucoup.
Au fait, il y a plus fou que moi :
L'Andalousie n'est pas ce qu'on pourrait appeler un doux pays. Mais l'Alhambra, l'Alhambra...
Et vive les tapas de Grenade.


mercredi 31 juillet 2013

Un intellectuel

Tony Judt, historien, écrivain et professeur britannique né en 1948 et mort en 2010 à l'âge de 62 ans de la maladie de Charcot.

Probablement l'homme en qui j'aurais eu le plus confiance par les idées qu'il véhiculait, par son regard sur le monde actuel, par sa capacité à critiquer l'incritiquable (notamment Israël en tant qu'État juif, ce qui lu a valu d'être condamné par les pro-israéliens en tout genre) et par ses écrits. Il est l'auteur de Après-guerre - Une histoire de l'Europe depuis 1945, une somme de plus de 900 pages considérée par plusieurs comme l'un des meilleurs livres d'histoire du XXe siècle. Il faudrait une vie pour lire ce livre. Alors, comment a-t-il fait pour l'écrire en quelques années? On lui doit aussi Retour sur le XXe  siècle - Une histoire de la pensée contemporaine dans lequel il parle aussi d'Hannah Arendt, de Primo Levi, d'Albert Camus (dont il disait ceci : « En ces temps d'intellectuels médiatiques voués à l'autopromotion, se pavanant d'un air absent devant le miroir admiratif de leur public électronique, l'honnêteté évidente de Camus... a l'attrait de l'authenticité....» - ce qu'il aurait pu dire de lui-même en fait et j'ai l'impression qu'un certain Bernard-Henri Lévy devrait se sentir visé), de la débâcle de la France en 1940, de l'intransigeance d'Israël, de la guerre froide, etc.
Et pour finir, le premier paragraphe de l'un de ses derniers livres Ill fares the land dans lequel il prône un retour à la social-démocratie et à la solidarité (si tant est qu'elles ont déjà existé :
« Quelque chose ne va pas dans notre vie. Trente années durant, nous avons érigé en vertu la poursuite de l'intérêt matériel personnel. De fait, cette quête est tout ce qu'il nous reste comme but collectif. Nous connaissons le prix des choses mais nous en ignorons la valeur.»

http://www.rue89.com/2010/08/08/la-mort-de-tony-judt-historien-de-leurope-et-ecrivain-engage-161464


lundi 22 juillet 2013

Le doux pays (2)

 
 

 
Il est finalement assez doux ce pays quand ciel et
terre se confondent, quand le vent se fait brise, quand le fleuve se fait serein, quand les moustiques se font discrets, quand l'horizon s'allonge à l'infini.
Derrière la forêt, en attendant que les framboises mûrissent et que les champignons se montrent le chapeau, par un matin d'été de juillet.

mardi 16 juillet 2013

Le doux pays

Celui ou celle qui a trouvé ce slogan pour caractériser le Kamouraska n'est certainement pas allé à Saint-Onésime et autres Saint-Bruno à vélo et n'a certainement pas gravi ces côtes casse-pattes sous le chaud soleil de juillet.
Par un beau matin d'été, donc, je suis parti faire le tour du Kamouraska, de ses 16 municipalités. En tout, 148 kilomètres de fermes, de forêts et de points de vue sur le fleuve qui n'est jamais très loin. En prime, le retour vent de face à 30 degrés.
C'est un pays bien peu peuplé, même si certains villages comme Kamouraska essaient de se faire croire qu'ils le sont. Ça y déambule ferme, ça fait pétarader son moteur ou ça parade en voiture à la vitesse d'un escargot.
Était-ce dur? Oui et non. Ce n'est pas pour me vanter, mais qui peut prétendre avoir aussi bien vu la région en une seule journée? C'était le 14 juillet, la journée de l'ascension du Mont Ventoux au Tour de France, le jour où Chris Froome a avalé la montagne et ses adversaires en pédalant comme s'il était à bixi. Pour avoir fait cette ascension l'année dernière, je peux dire que Froome est un mutant, mais de quel type, je ne le sais pas. Comment ne pas douter?

Pendant ce temps, il y a un renard qui, le matin souvent, se prend pour un oiseau et mange les graines qui tombent de la mangeoire.

samedi 29 juin 2013

Dans les étoiles et au ciel


Nella nostra galassia ci sono quattrocento miliardi di stelle, e nell’universo ci sono più di cento miliardi di galassie. Pensare di essere unici è molto improbabile.
Notre galaxie compte 400 milliards d'étoiles et il y a plus de 100 milliards de galaxies dans notre univers. La probabilité que nous soyons seuls est donc très faible.

La grande astrophysicienne italienne, Margherita Hack, est décédée hier à l'âge de 91 ans. Elle était en quelque sorte la Hubert Reeves italienne ou, lui, le Margherita Hack québécois. Comment se fait-il que je la connaisse? Pour dire vrai, je ne savais pas qui elle était il y a quelques jours encore. C'est le livre La filosofia va in bicicletta de Walter Bernardi qui me l'a fait connaître. Passionnée de vélo, Margherita Hack a elle-même déjà publié un livre intitulé La mia vita in bicicletta et elle prenait encore son vélo à l'âge de 90 ans car, disait-elle, elle ne se résignait pas à l'accrocher pour de bon.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Margherita_Hack

mercredi 26 juin 2013

Le col du nordet

 
S'il y avait un expert dans la salle, je lui demanderais  à quel pourcentage de dénivelé sur combien de kilomètres correspondent 20 kilomètres avec un nordet de face d'environ 30 kilomètres/heure et une vitesse moyenne de 19 kilomètres/heure. L'expert dirait probablement qu'il faut calculer la dépense (la débauche) de calories. Supposons 800 calories, soit près de trois tasses de crème glacée Délice Royal (140 calories par demi-tasse) ou 15 carrés de tablette de chocolat Orange intense. Nous obtenons l'équation suivante :
20 X 140 ÷ 1/2 = 1400
30 X 150 ÷ 3 = 1500 
soit 9 mètres sur 100 mètres pour un pourcentage de 9 %, ce qui me semble nettement exagéré, mais ce n'est pas moi l'expert.  
 
 



Qu'est-ce qu'une crucifixion unique, auprès de celle, quotidienne, qu'endure l'insomniaque? (Cioran)


 


Sur le chemin du retour, je me suis arrêté au calvaire de Saint-Germain, érigé au XIXe siècle pour prôner la vertu de la tempérance. Pris de somnolence, un marchand revenant d'une soirée bien arrosée à Saint-André serait tombé de sa carriole à cet endroit précis. Seul inconvénient, cela lui arriva par une nuit glaciale de janvier.
Aujourd'hui, ce ne sont plus les marchands éméchés mais plutôt les cyclistes échevelés qui s'y arrêtent. Ils y trouvent en effet un refuge momentané contre les bourrasques du nordet. Parlant d'inconvénient, Cioran, auteur du très divertissant recueil De l'inconvénient d'être né, n'avait aucun problème de somnolence. Il était plutôt torturé par l'insomnie. Souvent, il n'arrivait à s'endormir le soir qu'après de longues escapades à vélo, parfois de plus de 100 kilomètres. En cours de route, il aimait s'allonger dans un cimetière, fumant cigarette sur cigarette des heures durant et laissant ses pensées s'échapper comme les volutes de fumée, aussi éphémères que l'existence. Cioran a ainsi parcouru la France pendant des mois. Plus tard, dans un rare élan de nostalgie, il se rappellerait de cette époque comme la plus active de sa vie.  
Quel rapport entre le marchand et Cioran? L'un n'aurait pas dû somnoler et l'autre y aurait gagné.  
 
 

 

lundi 24 juin 2013

L'Italie sans dessus dessous (mais surtout sans dessous) (6)

Aujourd'hui, Silvio Berlusconi a été condamné à sept ans de prison et à l'exclusion à vie de toute charge publique (encore une fois). Ça lui fait, si je calcule bien, des condamnations à 18 ans de prison et de multiples exclusions de toute charge publique (même si on n'a qu'une vie) DEPUIS UN AN. Cette fois-ci, c'était dans l'affaire Ruby, jeune fille qui aurait pimenté les soirées mondaines du Cavaliere alors qu'elle était mineure.
Qu'en pense l'Italien moyen? Il s'en fout que Berlusconi aille en prison ou non (d'ailleurs, il n'ira pas car après tout, son parti est membre de la coalition au pouvoir). Ce qu'il veut c'est que Berlusconi débarrasse le paysage médiatique et politique à tout jamais, lui qui a tant corrompu l'un et l'autre. Si Berlu et son parti étaient morts politiquement, la cause serait entendue. Mais ce n'est pas le cas et cette condamnation risque même de faire éclater la fragile coalition au pouvoir. Berlusconi est un cancer qui ronge l'Italie depuis 20 ans, mais selon lui et ses partisans, les vrais responsables ce sont les magistrats communistes qui le condamnent injustement.
Au fait, les magistrats communistes en question étaient trois femmes. Bien fait pour lui qui a fait des femmes des objets, en politique comme dans les (ses) médias.

vendredi 21 juin 2013

À bord du 51


Montréal sale, Montréal contaminée, Montréal corrompue, Montréal en panne, Montréal pleine de trous, Montréal embouteillée, Montréal anglaise. Montréal anarchique comme de plus en plus d'endroits sur cette planète. Anarchique comme une grande ville doit l'être, sinon elle ne serait pas.
Pourtant, j'aime Montréal. Chaque fois que j'y arrive, je me sens irrémédiablement attiré vers le Mont-Royal et la montée Camilien-Houde (montée de 1,6 kilomètre à 4,4 % de moyenne). Sept fois depuis le début de la semaine, mon père.
J'aime la diversité ethnique, culturelle et gastronomique de Montréal. J'aime ses quartiers, ses univers qui nous amènent en voyage. Je suis ici chez moi et ailleurs. Je suis ailleurs que dans ce Québec, parfois trop grand et trop pareil. J'aime ses chauffeurs de taxi qui écoutent le hockey, ce chauffeur du 51 qui clame les intersections, ses lecteurs et lectrices absorbés qui perdent le fil de leur lecture au gré des nids-de-poule. J'aime ses longues jambes noires interminables qui font rêver de la savane africaine pendant qu'on se fait enfumer à un feu rouge. Parfois, j'aime Montréal.


samedi 15 juin 2013

Qui de nous deux


J'ai eu beau lui expliquer qu'il n'y a pas de pistes brouettables à Montréal, ma brouette a sauté dans l'auto avant que je puisse y mettre mon vélo. Fidèle compagne des dernières semaines, elle aura bien droit à un repos. Je vous signale que sur cette photo, il ne manque que le triporteur.
Parlant de brouette, son origine est obscure et certains auteurs attribuent son invention à Pascal (Blaise de son prénom), mais celui-ci aurait plutôt inventé une chaise à deux roues pour le transport de personnes.
Pour en savoir plus et même trop : http://fr.wikipedia.org/wiki/Brouette


mercredi 12 juin 2013

Collection de printemps...


...ou collection permanente.



Sur les bords du « majestueux » Saint-Laurent : une patte de dinde (??), une suce, des contenants de dix onces d'alcool en plastique, des bouchons de bouteille, des bouteilles de plastique, des balles de fusil, des sections de drain français, des couvercles d'auvent, des bouts de tuyaux, des tubes à serviettes hygiéniques, de la styromousse en quantité infinie, un frisbee, une balle de tennis, un toutou en peluche, un soldat en plastique fatigué, des médias filtrants (http://baleinesendirect.org/blogue/actualites-dici-et-dailleurs/enjeux/les-rondelles-de-plastique-sur-les-rives-du-saint-laurent-sont-des-medias-filtrants-deverses-accidentellement/), des cuillères, des fourchettes, des assiettes en plastique, des contenants de margarine, des seaux, des contenants de 4 litres de lave-glace, des ziplocs, etc. (l'etcétéra contient en fait tout ce qu'on peut imaginer).
Chaque année, il y aurait environ 10 millions de tonnes de plastique jetées dans les océans et on enlèverait environ 10 000 tonnes des plages. Où est passé 99 % du plastique?  Le plastique se fragmente, tout comme la styromousse, et finit par se mêler à la nature et se retrouver dans l'estomac des animaux. Les quelques objets que j'ai recueillis ne se retrouveront donc pas dans le ventre d'une baleine ou dans la gorge d'un héron. Une goutte d'eau dans l'océan, un grain de sable sur la plage.
Ce soir, sur le boulevard Saint-Laurent, à Montréal, une jeune fille dans un bar jettera un tube à serviette hygiénique dans les toilettes. Qu'est-ce qu'elle en a à sacrer que le tube en question se retrouve dans quelques mois sur la grève à Saint-Denis de Tombouctou ou ailleurs? Il y a sur cette planète trop d'univers différents...qui ne vivent pas sur la même planète.

dimanche 9 juin 2013

Lucidité

Ce Bouchard à la voix d'or n'a pas eu une existence dorée : enfance pauvre, petits boulots, graves problèmes de dos, mort de sa femme vaincue par le cancer après 15 ans de lutte, disparition d'amis, dont Bernard Arcand. Quand j'ai terminé le livre, un mot m'est venu en tête, une tentative de résumé, LUCIDITÉ. Lucidité sur la vie, la mort, la vieillesse.
« Les vieux connaissent si bien la perte qu'ils se recroquevillent dans leur chaise, muets, afin de ne pas avoir à hurler leur désespoir devant l'immense dérision de l'existence. La vie est un affront dont personne n'a jamais su se protéger. »
Il y a quelques années, au Québec, un autre Bouchard a été associé à un mouvement dit des lucides. On n'en parle plus aujourd'hui et c'est tant mieux. Les thèmes que Bouchard Serge aborde sont, eux, immémoriaux et nous
touchent dans ce que nous avons de plus profond.
En plus, il écrit avec une économie de mots qui fait plaisir.

Dans son texte intitulé « Le Québec est-il laid », il dit ceci : « Nos paysagistes sont les portraitistes de ce que nous sommes devenus. Nous, qui étions des sauvages, voilà que nous sommes des arrangements d'arbustes et de touffes diverses en façade au pourtour de nos fragiles bâtis humains. »
Et à sa question Le Québec est-il laid?, je réponds ceci :




dimanche 2 juin 2013

En quelques mots...

Ce que j'essaie de dire depuis trois ans quand je parle du vélo et de ce qu'Il me procure :
« Lo spazio,, la libertà, i profumi, l'aria nei capelli e soprattutto pensare. »
L'espace, la liberté, les odeurs, le vent dans les cheveux et surtout penser.

mercredi 29 mai 2013

Brutal retour

Il n'y a rien à faire quand le fleuve se déchaîne. C'est après qu'il y a beaucoup à faire. L'eau repart, les débris restent. Enfin pas tous : un voisin est venu chercher son escalier sur notre terrain hier.
Rockquiroule n'arrêtera pas de rouler, mais il troquera souvent le vélo pour la brouette.

lundi 13 mai 2013

Selon Machiavel (7)


« Si vous examinez les actions des hommes, vous trouverez que tous ceux qui ont acquis de grandes richesses, ou une grande autorité, n'y sont parvenus que par la force ou par la ruse; et qu'ensuite tout ce qu'ils ont usurpé par la fourberie ou la violence, ils le recouvrent honnêtement du faux titre de gain, pour cacher l'infamie de son origine. »

La procureure dans le dossier « Ruby» (prostitution de mineures) réclame une peine d'emprisonnement de six ans pour Silvio Berlusconi (ça lui en fait 10 au total) et l'interdiction à vie d'exercer une charge publique. Il est peu probable qu'il finisse en prison, mais peut-être est-ce la début de la fin de vingt années qui ont fait beaucoup de mal à l'Italie. Pendant ces mêmes vingt années, la fortune personnelle de Berlusconi a décuplé.


Dans la rue




La Via de Cenci, où nous habitons, fait environ 200 mètres de longueur, deux mètres de largeur dans sa portion la plus étroite et cinq dans sa portion la plus large. C'est une rue qui résume à sa façon l'Italie, dans ses aspects architectural, social et économique.
À l'extrémité la plus large se trouve tout d'abord la gelateria. Le propriétaire, qu'on voit souvent les bras croisés ou en train de fumer une cigarette, à l'entrée de son commerce, a l'air de tout sauf d'un vendeur de crème glacée. Il est peut-être l'un de ces innombrables Italiens qui ne font pas le métier pour lequel ils ont été formés, mais qui se sont accrochés à l'affaire ou au poste qu'ils ont pu trouver. Ceci dit, son affaire marche très bien quand il fait beau.
Juste à côté se trouve la piadineria. Les piadines (http://fr.wikipedia.org/wiki/Piadina) sont un mets typique de la Romagne et sont très populaires. Le midi, surtout, c'est la foule. Les propriétaires, qui se trouvent également à être nos voisins, ont eu une très bonne idée quand ils ont lancé ce commerce (inhabituel pour la Toscane). C'est l'aliment idéal en temps de crise, pas cher (environ 4 $), nourrissant et, en plus, très bon.




 
Tout près de la piadineria, un petit bar tenu par deux filles, Giulia et Robi, qui ont repris cette affaire abandonnée depuis plus de un an. Il leur a fallu du courage - et peut-être l'aide financière de leurs parents ou amis - pour démarrer un commerce en cette période de grisaille. Elles attendent l'autorisation de la ville pour disposer quelques tables supplémentaires à l'extérieur. Ça doit se faire aujourd'hui, mais ça pourrait être tout aussi bien dans trois mois.
Parlant de grisaille, il y a le jeune serveur du restaurant d'en face - l'Osteria de Cenci - qui fait de plus en plus grise mine. Il passe de longues heures dans le cadre de porte à attendre l'hypothétique client et chaque fois que nous sortons dans la rue, il semble se demander pourquoi nous n'allons pas manger là huit fois par jour. Le restaurant a ouvert récemment sur l'emplacement d'un autre, qui a fait faillite. Il est probablement trop cher pour réussir. Mauvaise lecture du marché en somme. Il y avait tout près un magasin de chaussures appelé Lili Marleen, qui a lui aussi fait faillite, au grand désespoir de Nathalie. La Pasticceria (pâtisserie) de Cenci, elle, marche bien; c'est une véritable institution à Arezzo, ce qui permet d'ailleurs à la propriétaire d'arborer un air bête sans que cela nuise aux affaires.


Reste le salon de coiffure où les affaires semblent bien marcher, le cheveu continuant de croître, un magasin de produits de santé qui a un peu l'air de se demander ce qu'il fait là et, dans notre immeuble, un salon de massages finlandais, tenu par Angelo, pilier de la rue et grand fumeur qui aurait déjà été, selon ses dires, un cycliste émérite et qui à chaque fois qu'il me voit revenir à vélo me demande combien de kilomètres j'ai faits et me raconte quelque haut fait de sa « carrière ».

La rue devient parfois très animée le soir à cause du petit bar. Tout le monde est dans la rue quand le temps le permet; ça boit, ça écoute de la musique, ça parle fort et même ça crie parfois, mais ça ne nous dérange guère. Peut-être que nous sommes à l'abri du dérangement ici. Pourtant dérangement il y a. En ce moment même, sur une terrasse située à quelques mètres à peine, il y a le voisin qui joue au ballon avec ses deux enfants, le plus jeune s'époumonant comme un goret chaque fois qu'on lui enlève le ballon pendant que leur oiseau en cage y va de vrilles et de trilles à faire pâlir d'envie une sirène d'ambulance.












Et tourne le Giro

Malgré les histoires de dopage, le Tour d'Italie, comme le Tour de France et probablement celui d'Espagne, reste une grande fête populaire. Les spectateurs arrivent des heures à l'avance pour voir passer en un très bref instant les cyclistes, qui semblent un peu perdus au milieu de toutes les voitures d'accompagnement, motos de la télévision et véhicules de secours. Cette année marque le 100e anniversaire du Giro. Depuis quelques années, peut-être un peu par chauvinisme, je trouve le Giro plus intéressant que le Tour de France, plus accidenté, plus imprévisible.
Imprévisible a été le temps hier. J'étais allé voir l'étape avec mon ami l'orfèvre. Belle montée jusqu'au Passo della Consuma. Il devait faire beau toute la journée, mais un peu après le passage du Giro, il s'est mis à pleuvoir sérieusement. Descente sous la pluie et dans le froid et une heure à attendre sous un petit toit que ça cesse. Ça s'est terminé par un retour en voiture, comme quoi les cyclistes amateurs ont parfois droit eux aussi à un traitement de star.

jeudi 9 mai 2013

C'est pas moi, c'est lui

Santa Maria della Rassinata, c'est un peu le Saint-Athanase (http://www.saint-athanase.com) de la Toscane. On met beaucoup de temps pour y arriver, mais pas beaucoup pour en sortir et, surtout, la nature est omniprésente.
C'est dans la montée vers Santa-Maria que mon vélo m'a fait part de son désir de rester en Italie. Il m'a parlé d'autres horizons à explorer, d'autres cols à franchir. Après sept kilomètres de montée, parfois âpre, je lui ai donné raison et j'ai échafaudé quelques plans diaboliques qui permettront d'exaucer ses désirs.



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