« Sono il leader. Non lascio. » (Silvio Berlusconi)
Berlusconi passe à l'opposition avec les débris de son parti. Demain, de toute façon, il sera probablement déchu de ses fonctions. Sous le coup d'accusations de corruption, de subornation de témoin, de fraude fiscale, de détournement de mineure et on en passe, Berlusconi quittera probablement bientôt le radar de la vie politique italienne après 20 longues années. Il est peu vraisemblable qu'il soit arrêté. Il ne demanderait pas mieux car il aime bien jouer les martyrs et jouer tout court. Une fois exclu, il touchera une prime de 100 000 euros et une retraite de 8 000 euros par mois.
La fin de Berslusconi? Peut-être le début si le gouvernement tombe et qu'une nouvelle campagne électorale est déclenchée.
Le gouvernement tombera-t-il? Probablement pas tout de suite. Mais on ne peut jurer de rien.
« Dopo il caos, c'è più chiarezza, » (Enrico Letta)
Mercredi, 27 novembre, 12 h
Voilà, c'est fait. Il est déchu de son poste de sénateur. Le problème, c'est qu'il a encore des supporteurs qui crient au coup d'État et qui parlent d'un jour de deuil. Si, à Toronto, une partie de la population est assez gelée (au sens de dopée) pour continuer à appuyer Rob Ford, une partie de la population italienne doit être assez intoxiquée (par l'argent et la télé de Berlusconi) pour donner son appui au Cavaliere.
http://italie.blog.lemonde.fr/2013/11/27/litalie-sans-berlusconi/
Entretemps, le taux de chômage se situe à 12,5 % dans l'ensemble de la population et à près de 40 % chez les moins de 30 ans!
mardi 26 novembre 2013
dimanche 17 novembre 2013
Jeunesse
Je n'ai pas pu résister. Mon fils qui se marie! Pas le temps de s'émouvoir; la cérémonie est trop courte. La fête qui a suivi était bien réjouissante. Elle a montré que Vincent et Mélisande sont vraiment bien entourés. Plein de beaux jeunes qui ont des projets, des espoirs, des rêves et des doutes, car trouver sa place dans le monde n'est pas facile. Plus difficile aujourd'hui. Probablement. Ce monde est toujours plus complexe, plus insaisissable, plus exigeant; il est tellement facile aujourd'hui de s'égarer, de se laisser divertir de son essence. Je sais bien que beaucoup de membres de notre génération et des précédentes n'ont jamais vraiment trouvé leur place. Mais je dis : place aux jeunes. Écoutons-les, sans parti pris générationnel.
Aujourd'hui, dimanche, j'ai emprunté Camilien-Houde deux fois, avant la pluie. Cela m'a permis d'oublier le camilus interruptus de vendredi dernier quand une vilaine crevaison m'a interrompu en pleine ascension.
De plus en plus, les cyclistes sont aussi rares que les feuilles dans les arbres et, comme les feuilles, les bourrasques les emportent parfois.
dimanche 3 novembre 2013
Why Nations Fail
http://whynationsfail.com/ |
Les deux auteurs de Why Nations Fail parlent de pouvoir, de pauvreté et de prospérité et cherchent à expliquer les causes des inégalités. Ils démontrent, au moyen d'une foule d'exemples, que les pays pauvres sont victimes de leurs dirigeants, des élites qui « extraient » toute la richesse nationale pour leur seul profit. Dans les pays qui prospèrent, les dirigeants ont été obligés en quelque sorte de partager le pouvoir avec d'autres couches de la société. On passe de l'Empire romain à la révolution industrielle, de la Corée du Nord au Botswana. Je résume très sommairement.
Depuis la publication de leur livre, les auteurs tiennent un blogue dont j'ai traduit deux extraits. Il y est question de l'Ouzbékistan, dont le nom à la consonance exotique cache une bien triste réalité.
ENTRONS DANS L’UNIVERS DES NATIONS QUI ONT ÉCHOUÉ
Les exemples d’échec sont innombrables. Lorsqu’on parle de
nations qui ont échoué, la Somalie ou l’Afghanistan viennent probablement tout
de suite à l’esprit, les institutions étatiques s’y étant presque entièrement effondrées.
Or, beaucoup d’autres nations ont échoué. Dans le contexte actuel de
mondialisation et d’intégration, il existe d’immenses écarts en termes de
prospérité économique entre les pays. Selon les plus récentes données de la
Banque mondiale, le revenu par habitant aux États-Unis, soit 47 360 $, est
environ 50 fois celui de la Sierra Leone, 40 fois celui du Népal ou 15 fois
celui d’El Salvador ou de l’Ouzbékistan. Dans ces pays, l’État ne s’est pas écroulé comme en Somalie ou
en Afghanistan, mais aucun n’a réussi à s’approcher de la prospérité dont
jouissent des pays tels que les États-Unis, la Suisse ou l’Allemagne. Leur
échec n’est pas moins porteur de conséquences que celui de la Somalie et de
l’Afghanistan. Et il résulte tout autant des choix faits par ces pays, ou pour être plus exact par
leurs élites et leurs dirigeants.
Ce blogue vise à faire comprendre pourquoi les nations échouent
et à interpréter les événements économiques, politiques et sociaux actuels à la
lumière de la théorie que nous avons élaborée dans notre ouvrage intitulé Why Nations Fail.
Entrons donc dans le triste univers des nations qui ont échoué.
Un premier cas est l’Ouzbékistan. Pourquoi le revenu par habitant de ce pays équivaut-il à 1/15 de
celui des États-Unis? L’explication se trouve-t-elle dans le « capital
humain », - les Ouzbeks sont-ils moins instruits et moins compétents? La
réponse a de quoi surprendre : l’inscription dans les écoles primaires et
secondaires en Ouzbékistan se situe à
près de 100 %, tout comme le taux d’alphabétisation. En y regardant de plus
près, cependant, on constate un phénomène un peu particulier au sujet des
écoles ouzbeks.
L’économie de l’Ouzbékistan est basée sur le coton, qui représente 45 % des exportations du
pays. Les capsules de coton sont prêtes à être récoltées au début septembre, à
peu près en même temps que la rentrée scolaire. Dès que les élèves arrivent,
les écoles se vident et 2,7 millions d’enfants (selon les chiffres de 2006)
sont envoyés par le gouvernement dans les champs de coton. Les enseignants
deviennent alors des recruteurs de main-d’œuvre. Gulnaz, mère de deux de ces
enfants, raconte :
Au début de chaque année
scolaire, dans les premiers jours de septembre, les cours sont suspendus et, au
lieu d’aller en classe, les enfants vont récolter le coton. Personne ne demande
aux parents s’ils sont d’accord. Les
enfants n’ont pas congé le week-end [pendant les récoltes]. Si, pour une raison
ou une autre, un enfant reste à la maison, son professeur ou le responsable de
sa classe se présente au domicile et dénonce les parents. Chaque enfant se voit
attribuer un quota, qui s’échelonne entre 20 et 60 kg par jour selon l’âge. Si
l’enfant n’atteint pas son quota de la journée, il est réprimandé devant toute
la classe le lendemain matin.
doivent dormir dans des hangars ou des entrepôts, avec la
machinerie et les animaux. Ils n’ont pas accès à des toilettes ni à une cuisine.
Les enfants doivent apporter leur repas du midi. Au printemps, l’école ferme,
car des travaux obligatoires de binage, de désherbage et de transplantation
doivent être effectués.
En définitive, les enfants ouzbeks n’apprennent pas tant que ça dans les écoles de leur pays. Ils sont plutôt forcés d’aller travailler. Ce type de contrainte, dans les faits trop répandu, est caractéristique des institutions qui, en plus d’échouer à transmettre un capital humain aux enfants, sont à l’origine d’une faillite économique et sociale beaucoup plus large. Cette situation n’est pas le produit d’un accident ni le vestige inévitable de pratiques ancestrales.
Des institutions extractives en action : l’exemple de l’Ouzbékistan
Pourquoi donc des millions d’élèves ouzbeks sont-ils envoyés au champ pour récolter le coton?
L’Ouzbékistan a obtenu son indépendance lors de l’effondrement de
l’Union soviétique en 1991. Islam Karimov, ancien premier secrétaire pour l’Ouzbékistan du
parti communiste soviétique, s’est alors autoproclamé nationaliste ouzbek et
est devenu président. Il l’est demeuré depuis en recourant à des élections
frauduleuses et à la répression.
Après l’indépendance, les terres, qui étaient auparavant contrôlées par
des entreprises appartenant à l’État, ont été distribuées aux fermiers, mais
ceux-ci ne sont pas devenus libres pour autant de cultiver et de vendre ce
qu’ils voulaient. Le gouvernement a en effet instauré des règles déterminant ce
qu’ils devaient cultiver et le prix qu’ils devaient en demander. Cela
signifiait pour les producteurs de coton une infime fraction du prix mondial
et, même si vendre à ces prix n’avait aucun sens, le gouvernement les a obligés
à le faire. Avant l’indépendance, la majeure partie du coton était récoltée au
moyen de moissonneuses-batteuses. Vu la faible rétribution pour leur travail,
les fermiers ont cessé d’investir dans la machinerie agricole ou de
l’entretenir. Le travail forcé des enfants a donc été la méthode retenue par Karimov
pour assurer la rentabilité des récoltes du coton.
Une partie de territoire de l’Ouzbékistan est aussi idéale pour la
culture du thé, secteur dans lequel la société américaine Interspan a investi
massivement. En 2006, cependant, la fille de Karimov, Gulnara Karimova, qui est
diplômée d’Harvard et membre du jet-set international, a commencé à s’intéresser
à ce marché. Gulnara est une femme aux multiples talents, comme on peut le voir
sur son site Web (http://www.gulnarakarimova.com/en). Ainsi, elle fréquente des vedettes de rock comme Sting et
a même chanté en duo avec Julio Iglesias (http://www.youtube.com/watch?v=oFDVWJ0N89U).
L’intérêt de Gulnara s’est porté sur les actifs et les marchés d’Interspan
et s’en emparer n’allait pas se faire au moyen d’une offre alléchante.
L’entreprise a en effet indiqué que des hommes armés de mitrailleuses, vraisemblablement
des agents des services secrets ouzbeks, ont fait irruption dans ses bureaux et
entrepôts et saisi ses actifs et ses stocks. Ses employés ont été quant à eux arrêtés
et torturés. En août 2006, l’entreprise s’est retirée de l’Ouzbékistan et le
thé est devenu l’affaire exclusive de la famille Karimov. Le marché du thé
n’est pas le seul sur lequel Gulnara
Karimova aurait mis la main par la force et l’expropriation. Elle aurait utilisé
les mêmes procédés pour acquérir des actions de la franchise d’embouteillage de
Coca-Cola de même que des intérêts dans le secteur du pétrole. Elle contrôle le
principal exploitant de téléphonie mobile du pays et a des participations
importantes dans plusieurs autres secteurs, dont le ciment et les boîtes de
nuit. (Ironiquement, l’une des autres filles de Karimov, Lola, est une « militante pour les
droits des enfants »!)
Prix de vente imposés aux producteurs agricoles par le gouvernement,
travail forcé, expropriation de biens par les services secrets et la famille du
président; ce ne sont là que quelques caractéristiques de ce que nous appelons
des institutions économiques extractives — des institutions économiques
dont la finalité est de dépouiller la population et les entreprises des
ressources au profit d’une élite restreinte.
Comme la plupart des nations qui sont pauvres, l’Ouzbékistan échoue
parce que sa population est régie par
des institutions économiques extractives, qui n’encouragent pas
l’investissement ni l’innovation technologique et qui obligent les citoyens à exercer
des activités contre leur gré ou pour lesquelles ils sont mal outillés (par
exemple les fermiers qui sont contraints de cultiver un produit en particulier
et les enfants qui sont forcés de récolter le coton au lieu d’aller à l’école).
Novembre
Le mois des morts et des cyclistes morts de froid. Il faut bien mettre un terme à la saison, même s'il y aura encore quelques sorties, si le vent le veut bien. Pas de grands cols cette fois, mais une année encore bien remplie de centaines de milliers de coups de pédale, sans douleur ou presque. Comme je me sens loin du Paso della Consuma, de Vallombrosa, de la valle del Nestore, de Palazzo del pero. Et comme je me sens près à la fois; je continue à pédaler dans ma tête. C'est plus pratique. Pas besoin de m'emmitoufler. Quand je pédale, je pense. Quand je pense, je pédale. Le cycle est complet.
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