La soirée du 31 décembre a été fort agréable et nous avons eu droit à un repas traditionnel en plusieurs parties aussi bonnes les unes que les autres (avec mention spéciale aux pâtes avec pesto de pistaches et pancetta). Un peu avant minuit, nous avons regardé le décompte de la fin d'année à la télé, puis avons fait nos voeux et débouché le mousseux. Rien de trop dépaysant, si ce n'est que pendant ce temps, à la télé, le spectacle se poursuivait, quelque part dans le val d'Aoste, avec force chansons américaines et, surtout, force jeunes filles chichement vêtues. Un spectacle en apparence inoffensif, mais qui serait impensable chez nous. Côté utilisation du corps de la femme, le Québec et l'Italie sont en effet très loin. Le contraste est également frappant dans la rue où on aperçoit un grand nombre de femmes, jeunes et moins jeunes, perchées sur des talons aiguilles vertigineux. On les voit tentant d'échapper aux sournoises dénivellations des dalles, comme si chaque pas était un défi à la loi de la gravité.
Il y a un paradoxe italien : comment un peuple qui a donné au monde tant de richesses artistiques et tant de savoir et qui représente peut-être ce que la civilisation a fait de mieux peut-il tolérer qu'une partie de sa population féminine se déguise en prostituées de luxe? Comment peut-il tolérer une télévision aussi abrutissante où se côtoient femmes à demi nues et faux débiles mentaux, des leaders politiques aussi médiocres et corrompus, autant d'agressions à la beauté du paysage?
L'Italie est peut-être tout simplement fatiguée. Fatiguée de tant d'art, de tant d'histoire, de tant de culture. Sans compter qu'elle a eu sa part de catastrophes naturelles, de guerres sanglantes et d'horreurs criminelles et terroristes. Elle a peut-être tout simplement envie d'aller s'étendre sur la plage et qu'on lui fiche la paix. Les Italiens sont finalement assez déroutants; qui pense bien les connaître se fourvoie très certainement. L'Italien enflammé, rieur, bon vivant, accueillant, en cache un autre, plutôt désabusé et assez fataliste.
Néanmoins, s'il y a quelque chose qu'il faut retenir d'un séjour en Italie pendant la période des fêtes, c'est bien l'attachement à la tradition, tradition religieuse, symbolique, culinaire, artistique. Malgré ce qui précède, on a l'impression que rien ne peut amener les Italiens à en déroger. Crise ou pas, les rues sont bondées et les commerçants semblent faire des affaires d'or, du moins à Arezzo.
Dernière tradition en lice (avant le retour au calme en janvier et février), la Beffana (dont le nom provient de la déformation du mot Epifania), sorcière qui distribue gâteries aux enfants sages et qui supplante même le père Noel en certains lieux. Ni talons aiguille, ni manteaux de (simili) fourrure (à +12 degrés) dans son cas, mais un bon vieux balai.
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