mercredi 10 octobre 2012

Rockquiroule dans les cols

Une semaine de cols. Un Québécois et un Breton à l'assaut des Alpes du Sud et du Mont Ventoux. 450 kilomètres dont 150 de montées, 3 cols hors catégorie, mythiques. Virages, pentes, pourcentages, ascensions, descentes, sommets. Paysage qui change au fur et à mesure des mètres qui passent. Forêts, cascades, déserts. Le vent des sommets. Sensations, émotions, découragement, regain. Solitude, silence, respiration, rythme cardiaque. Sueur et eau. Pas d'EPO. Par moments, s'installer dans sa douleur pour mieux la gérer.

Col de Pra Loup
Pourcentage moyen de 5,3 % sur 9,4 km. Dénivelé de 500 mètres.
Un petit 40 kilomètres en ce samedi ensoleillé, question de découvrir la vallée de l'Ubaye, Jausiers où nous habiterons cinq jours et Barcelonnette, qui compte une cinquantaine de maisons de style colonial mexicain érigées entre 1870 et 1930 par des gens du coin ayant fait fortune dans le textile au Mexique.
Je dois être parti de Montréal en forme, car je fais ce parcours après avoir dormi une heure depuis la veille.


Cime de la Bonette
Pourcentage moyen de 6,6 % sur 24 kilomètres. Dénivelé de 1 600 mètres.


Presqu'une journée d'été. Jamais en difficulté sauf pour les 300 derniers mètres, terribles (à droite sur la photo). Dimanche, les motos et les voitures sport s'exhibent bruyamment. On se sent bien petit sur deux roues, surtout devant cette immensité. Surtout à 2 802 mètres sur la route la plus haute d'Europe. Un seul arrêt dans la montée pour laisser passer les moutons.Plusieurs arrêts dans la descente pour se remplir les yeux et prendre des photos. Sifflement de la marmotte (sifflement du siffleux?), vol plané des rapaces. Un premier col hors catégorie qui donne confiance.

 



Col de la Cayolle
Pourcentage moyen de 4,1 % sur 29 km, dénivelé de 1 200 mètres.

En apparence plus facile. La pluie interrompt la première tentative au 18e kilomètre. Une heure à grelotter dans un charmant cadre.
Redescente en slalom entre les cailloux, petits et gros, que la pluie, assez violente, a fait tomber des falaises.




Deuxième tentative le lendemain.  Loin, le monde. Voitures très rares. Dans la descente, un troupeau de moutons gardé par trois gros chiens de berger et une bergère au visage buriné. Col agricole. Temps arrêté. La descente, entre falaises et rivière, est un charme.




Col de l'Izoard
Pourcentage moyen de 6,9 % sur 15,9 km, dénivelé de 1 300 mètres, mais montée réelle sur 30 kilomètres.

Les dix derniers kilomètres sont épiques. Aucun répit. Forêts de mélèzes. Lacets sans replat; ça repart toujours en montant. Puis, le désert. Bornes kilométriques : 10, 9, 8, 7, 6, 5....3. Ils ont oublié la borne du 4 kilomètres, les sadiques. Une éternité entre 5 et 3. À 3 kilomètres de la fin, je sais que je vais y arriver. Casse déserte. Paysage lunaire. Ailleurs complètement. Dantesque. Courte descente où je dois m'arrêter pour rattacher mon casque et montée finale, à pleurer de fatigue et d'émotion. Un grand moment.


Le Ventoux

 
Par Bédoin, mecque du vélo. Pourcentage moyen de 7,1 % sur 22,7 km, dénivelé de 1 622 mètres.

Le col le plus fréquenté au monde. L'été, des milliers de cyclistes le gravissent ou essaient. Après une bonne dizaine de kilomètres dans la forêt à un pourcentage moyen de 9 %, on débouche sur le Chalet Reynard à 1 440 mètres. L'envie d'arrêter est vite passée même si le sommet semble encore loin. Les pourcentages diminuent sauf dans les murs. Conditions idéales : soleil, température douce, quasi-absence de vent, mais un frisson devant la stèle à la mémoire de Tom Simpson. Il faut conserver des énergies pour la fin. C'est réussi puisque ça se termine par un sprint.

Le toit de la Provence. À nos pieds, le Vaucluse. À l'est, le Mont-Blanc tout enneigé. Arrêt dans la descente au Chalet Reynard. Bière et frite, à regarder les autres souffrir. Il y en a pour tous les goûts. Certains montent tellement lentement qu'un coup de vent pourrait les jeter par terre. D'autres ont déjà mis pied à terre. Mais la majorité semble à l'aise.

Ces deux-là s'en sont assez bien tirés :

Nous faisons la descente, sur 20 kilomètres, par Saut, et revenons à Bédoin en passant par les Gorges de la Nesque, dont nous n'avions jamais entendu parler, et qui sont tout à fait superbes.
 

Italie
 
Retour à Arezzo, sur des routes déjà familières pour moi. 300 kilomètres. Le Scopetone, Santa Maria della Rassinata, Castiglion Fiorientino. Et encore une fois, la Verna, mais cette fois en passant par Caprese Michelangelo. Le même jour, sur un parcours de 120 kilomètres, nous aurons vu le village natal de Michel-Ange, le lieu de retraite où Saint-François-d'Assise a reçu ses stigmates et le pont de Buriano, qui a servi de décor à la Joconde de Léonard de Vinci. Une grosse journée d'ouvrage.
 
 
 
Ainsi se termine le périple d'un Québécois et d'un Breton sur leurs fidèles montures. Le premier laisse son vélo en Italie au cas où! Le deuxième est ébloui par ces parcours italiens. Je revois M. Baddi, l'orfèvre, et je me mets déjà à rêver au Stelvio, au Mortirolo et autres cols italiens. L'envie de se  colleter à d'autres cols.
 
Le site http://www.climbbybike.com/ en recense près de 35 000. Vaste programme.

 

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