lundi 29 avril 2013

L'infiniment petit

Oui, j'ai expié. Entre Arquata del Tronto et Castellucio en passant par Montegallo, seulement 35 kilomètres, mais 20 de montées (dénivellé de 1 400 mètres). J'en ai vraiment bavé, la route, pas très belle, ne rendait pas, comme on dit dans le jargon français (je pédalais dans le beurre en jargon québécois). Et pas de répit, toujours la montée. Mais le principe d'un col, même s'il peut paraître par moments très très loin, est de le franchir et de se laisser sécher dans la descente. Un col, c'est un peu un désert suspendu.


 
 
Pourquoi infinement petit? Parce que c'est ainsi que je me sens quand je parcours des paysages pareils. L'infinement petit, ce ne sont pas les êtres microscopiques qui peuplent notre univers, mais nous les humains qui se voient plus grands que nature. La grandeur du paysage devrait nous rendre humbles, très humbles. Petit point qui se meut dans l'immensité. Mais pas besoin de venir en Italie pour éprouver cette sensation. Vivre sur le bord du Saint-Laurent fait le même effet. Et c'est étrange de se sentir chez soi dans un paysage aussi étranger que celui-ci. Je ne vois qu'une chose, l'homme - aussi petit soit-il - a besoin d'espace, de beaucoup d'espace.  
 
 

Castelluccio, village situé à 1 450 mètres d'altitude est bien seul sur son haut plateau (le plus grand d'Europe). Trois cols (entre 1 500 et 1 650 mètres d'altitude) constituent ses moyens de contact avec l'extérieur. L'hiver, il reste souvent isolé à cause de la neige. Fait extrêmement rare en Italie, il n'y aucun autre village visible sur des kilomètres à la ronde. Nous y avons passé trois jours mémorables et avons logé dans une auberge très sympathique (http://www.anticacascinabrandimarte.it/) tenue par une famille du village. Les parents, dans la cinquantaine, y sont nés et ont fait construire cette auberge sur l'emplacement de la ferme des parents maternels. Ils l'ont fait surtout pour leurs deux fils car, nous ont-ils dit, les jeunes n'y arrivent pas dans l'Italie d'aujourd'hui sans l'aide de la famille. L'auberge a ouvert l'année dernière après trois ans de travaux et on leur souhaite de réussir.





Le plateau est le royaume de la lentille, des petits pois et de l'épeautre. En avril-mai, c'est la période des semences. Fin juin, début juillet, les champs se couvrent de fleurs multicolores. Le spectacle est paraît-il extraordinaire et les touristes affluent. L'afflux ne dure pas et le plateau retrouve vite sa tranquillité.


Les terres appartiennent en majeure partie à une coopérative et servent aussi, bien entendu, de pâturages.








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