lundi 29 avril 2013

Sardinades

Départ aujourd'hui pour la Sardaigne avec un groupe d'Italiens. Pourvu qu'ils ne parlent pas tous en même temps (ce qui est rare) pour que je comprenne.
Oui, ils parlent en même temps et ils rigolent aussi beaucoup.

Quant à la Sardaigne, elle n'est pas nécessairement celle qu'on croyait; peut-être plus terre que mer. Le développement du bord de mer, assez harmonieux pour ce que nous avons vu jusqu'à maintenant, est assez récent.
Les Sardes ont connu tellement d'envahisseurs (Phéniciens, Carthaginois, Romains, Arabes, Pisans et Génois, Espagnols et Catalans) qu'ils ont préféré l'intérieur de l'île, plus sûr et moins convoité. Hier, des airs de Californie et de Nouvelle-Zélande : bords de mer sauvages et calmes, du moins en cette période de l'année.
Verte et extrêmement fleurie en ce moment, la Sardaigne deviendra jaune et aride en juillet.


Avant tous ces envahisseurs, un peuple dont on sait peu de choses a vécu sur l'île entre 1 800 et 500 av. J.-C. Il a laissé ce qu'on appelle des nuraghis (plus de 7000 encore présents en Sardaigne) formés de gigantesques blocs de pierre assemblés sans mortier et servant à la fois de forteresses et d'habitations.
Et pour les amateurs, la Sardaigne compte d'innombrables murs ou clôtures de pierre.





Encore une fois, nous avons pu constater le développement non sauvage de la côté sarde. Les maisons se fondent dans le décor; rien d'ostentatoire, du moins pas encore. Des kiilomètres et des kilomètres de nature préservée, des caps qui se jettent dans la mer comme le Capo Cascia et le Capo Testa, avec ses rochers aux formes presque humaines, lessivés par l'érosion. Dix kilométres au nord, les montagnes de la Corse et Bonifacio, que l'on voyait très bien hier.




La Sardaigne, c'est beaucoup l'Italie, mais c'est surtout, je crois, la Méditerranée. La pêche, l'agriculture (élevage de moutons, de bovins et de porcs, vigne et chêne-liège - 90 % des bouchons de bouteilles de vin en Italie sont faits ici). La Sardaigne, ce doit être aussi le Sud de l'Italie, que je ne connais pas, mais je n'y ai pas vu la désorganisation et l'exubérance que l'on associe généralement au Sud. Je dirais en fait que j'y ai vu une certaine réserve, peut-être à cause du fait que les Sardes sont principalement un peuple de l'intérieur. L'exubérance, elle se trouve surtout à bord de notre autobus, où le niveau de bruit atteint parfois des niveaux saisissants.

Avec son climat presque idéal, ses plages, son agriculture prospère et sa riche histoire, la Sardaigne a des allures de petit paradis. Mais cela n'a pas toujours été le cas, à cause des invasions qu'elle a subies, bien sûr, mais aussi parce qu'elle a fait l'objet de tentatives d'industrialisation assez sauvages, surtout après la Deuxième Guerre mondiale, qui ont laissé des traces indélébiles sur l'environnement. Elle s'est bien remise depuis, si ce n'est des nombreux panneaux solaires qu'on voit ici et là, mais qui ne servent à rien par manque de fonds (l'installation était subventionnée, mais le fonctionnement ne l'est pas).


Nous avons vu hier un bel exemple de la politique tape-à-l'œil et populiste de Berlusconi. En prévision du sommet du G8 qui devait se tenir en Italie en 2009, il a fait construire un immense complexe en béton à La Maddelena, une île de la Sardaigne, pour accueillir les participants. Au dernier instant, et une fois le complexe construit, il a décidé, sans prévenir les autorités sardes, que le sommet se tiendrait plutôt près de l'Aquila, ville du centre du pays qui venait d'être dévastée par un tremblement de terre ayant fait plus de 300 morts. Il voulait ainsi montrer la résilience du peuple italien et de ses dirigeants...et faire des économies en ces temps de crise économique. Résultat : le complexe de La Maddelena est aujourd'hui abandonné aux courants d'air et le centre historique de l'Aquila n' a toujours pas été rebâti.

Un qui n'était pas tape-à-l'œil, c'est Garibaldi, dont nous avons visité la dernière demeure sur l'île de Caprera. Garibaldi a combattu toute sa vie pour ses idées républicaines et l'unification de l'Italie. Il est considéré comme l'un des pères de la nation italienne et on lui voue un véritable culte, à Caprera en tout cas où la visite se fait avec une solennité et une rigueur presque militaires. L'île en question est très préservée. On dirait que le temps s'y est arrêté le 2 juin 1872, jour du décès de Garibaldi.

Cette introduction (collective) à la Sardaigne a donc été réussie. Nous en garderons longtemps des images de mer limpide, de plages (presque) désertes, de verdure et de fleurs, de troupeaux de moutons et bovins qui donnent envie de brouter, de montagnes déchiquetées et d'une certaine paix, parfois difficile à trouver en Italie.




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